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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/478

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son développement historique.

douleur de l’expiation et de la mort. En effet, la souffrance se concentre dans la région de l’ame, de l’imagination et de la foi, sans que celle-ci descende dans l’arène avec les passions violentes, la barbarie révoltante, l’égoïsme odieux et le péché, sans qu’elle ait à lutter avec ces ennemis de la sainteté, pour obtenir une victoire pénible.

C’est une transition qui reste idéale, une douleur qui affecte un caractère enthousiaste plutôt qu’elle ne blesse les regards ; une douleur toute invisible, toute morale, qui se passe dans l’intérieur de l’ame, et ne laisse pas apparaître les tourments corporels. De même, elle exclut, dans le caractère des formes du corps et dans les physionomies, les traits qui marquent l’opiniâtreté, la rudesse, l’obstination, l’expression triviale des natures communes ; ce qui ferait supposer qu’une lutte acharnée a été nécessaire avant que ces figures fussent accessibles à l’impression du sentiment religieux et à la piété. Cette sérénité de l’ame et l’accord naturel de ses formes extérieures avec cet état intérieur, font le charme des œuvres véritablement belles de la peinture italienne. Ils expliquent l’inaltérable jouissance qu’ils nous font éprouver. On parle quelquefois du ton et du chant dans la musique instrumentale. De même ici, le pur chant de l’ame, une douce et pénétrante mélodie, planent au-dessus de l’image tout entière et de ses formes. S’il est vrai que, dans la musique des Italiens et dans les modulations de leur chant, lorsque les voix pures se font entendre