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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/492

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son développement historique.

réelle et dans cette partie de l’art qui avait été principalement perfectionnée par les Florentins. Maintenant, du Perugin, au goût et au style duquel il paraît encore enchaîné dans les ouvrages de sa jeunesse, Raphaël passe au parfait accomplissement de la condition indiquée plus haut. Chez lui, en effet, se réunissent le sentiment le plus élevé de l’esprit de l’Église, quant aux problèmes de l’art religieux, et la parfaite connaissance, l’observation amoureuse de l’apparence naturelle, dans l’entière vitalité de ses couleurs et de ses formes, avec un sens égal pour la beauté antique. Cette admiration pour la beauté idéale des anciens n’alla cependant pas jusqu’à lui faire imiter et appliquer les formes que la sculpture grecque avait si parfaitement réalisées. Il se bornait à saisir, en général, le principe de cette libre beauté, qui alors se pénétrait chez lui de la vitalité individuelle propre à la peinture, s’animait d’une expression plus vive et plus profonde, rayonnait d’une clarté ouverte et sereine, et offrait une vérité de représentation inconnue jusqu’alors aux Italiens. Par la manière dont il sut harmonieusement combiner tous ces éléments, il atteignit le point culminant de l’art. — Cependant, pour la magie du clair-obscur, pour le charme, et la grâce pleine d’ame et de sentiment, des formes et des mouvements, pour l’art de grouper les figures, il a encore été surpassé par Corrège et par Titien, dans la richesse et la vitalité naturelles, la douceur lumineuse, la chaleur, la force du coloris.