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Page:Hegel - Système des beaux-arts, t. 1, trad. Bénard, 1860.djvu/493

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peinture.

Il n’existe rien de plus aimable que la naïveté du Corrège, dont la grâce, supérieure à celle de la nature, est religieuse et spirituelle. Rien de plus doux que cette beauté souriante qui n’a pas conscience d’elle-même.

Avec la perfection de ces grands maîtres dans la peinture, l’art s’éleva à une hauteur telle qu’il n’est donné qu’une seule fois à un peuple d’y atteindre dans le cours de son développement historique.


III. Quant à la peinture allemande, nous pouvons réunir l’école allemande proprement dite, et l’école des Pays-Bas.

Ce qui distingue, en général, les peintres allemands et flamands des italiens, c’est que ni les uns ni les autres ne veulent ou ne peuvent atteindre à ces formes idéales, libres, et à ce mode d’expression dont le caractère propre est de s’élever à une beauté spirituelle transfigurée. Au lieu de cela, ils font en sorte, d’abord, que l’expression annonce la profondeur du sentiment et la concentration intérieure de l’ame ; ensuite, ils ajoutent à cette mysticité les particularités plus développées du caractère individuel, qui alors, au lieu de révéler uniquement une ame absorbée par les intérêts de la foi et du salut, montrent comment les personnages s’occupent aussi des choses de ce monde, se livrent aux soins de la vie actuelle et, au prix des efforts qu’exige ce travail, ont acquis les vertus humaines, la fidélité, la constance, la droi-