« Mon cher enfant, dans quel pays vit-on le mieux ? Est-ici ou en France ? À quel peuple donnes-tu la préférence ? »
— « L’oie allemande, chère petite mère, est bonne, cependant les Français garnissent mieux les oies que nous. Ils ont aussi de meilleures sauces. »
Et quand l’oie dut se retirer, les oranges firent leur entrée ; elles étaient parfaites, au delà de toute espérance.
Mais ma mère se remit toute joyeuse, à me faire maintes et maintes questions, même parfois sur des matières scabreuses.
« Mon chere enfant, que penses-tu maintenant ? Fais-tu toujours de la politique avec la même passion ? À quel parti se rattachent tes convictions ? »
« Les oranges, cher petite mère, sont excellentes, et c’est avec un vrai plaisir que j’en bois le doux jus, mais je laisse là l’écorce. »
La ville qui a été brûlée à moitié, se rebâtit petit à petit. Comme un caniche à moitié tondu, Hambourg fait une triste figure.
Combien de rues me manquent, et dont la perte m’est bien pénible ! Où est la maison où j’ai reçu et donné les premiers baisers de l’amour ?
Où est l’imprimerie où j’ai fait imprimer les Reisebilder ? Où est la taverne où j’ai avalé mes premières huîtres ?
Et le Dreckwall, où est donc le Dreckwall ? Je le cherche inutilement ! Où est le café nommé Pavillon, où j’ai tant mangé de gâteaux ?
Où est l’Hôtel de Ville où trônaient le sénat et la bourgeoisie ? Tout est devenu la proie des flammes ! La flamme n’a épargné aucun sanctuaire.
Les habitants y songent encore avec effroi, et d’un air mélancolique et en soupirant, ils me racontaient l’épouvantable catastrophe.