Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/45

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beaucoup de mal à l’humanité : ce germe grandira à travers l’histoire, et sera donné en spectacle au monde, pour sa joie ou pour son malheur.

Quittons le terrain de la science égarée : abordons celui du bavardage, du bavardage creux et vain. Nous allons entendre partout les échos de la voix d’Hegel.

Les petits hommes dont je parle ici connaissent peu celui dont ils sont indirectement à la troisième ou quatrième génération, les disciples. Ils l’ont dépouillé de sa sévérité, des aspérités de son langage. Ils l’ont dépouillé le son audace. Ils donnent à l’Allemand Hegel leur taille, leur habit et leur cravate blanche. Ils le promènent, pour sa punition, dans leurs salons, dans leurs salons où l’on bavarde, oui, vraiment, dans leurs salons !!! Esprit d’erreur et de ruine, ô menteur, qui as tenté Hegel, que tu dois être humilié ! Si Hegel entrait, vers dix heures du soir, dans beaucoup de salons, à Paris, il entendrait l’écho travesti, l’écho devenu ridicule de sa formule terrible. Il sentirait peut-être que sa pièce d’or était fausse, s’il en voyait la monnaie. Il entendrait des causeurs, hommes du monde, qui se trouvent graves, parler philosophie. Ils ne proclameraient pas comme lui, en propres termes, l’identité de l’Être et du néant. Mais ils diraient, d’un air mesuré, sérieux, convenable, poli, et même bienveillant, que tout, ou, si l’on veut, à peu près tout, est également vrai : que le christianisme est