patrie, dira-t-on, peut suppléer au nombre et à la force des citoyens. Mais qui produiroit en ces pays cet amour vertueux de la patrie ? L’ordre des paysans, qui compose à lui seul les deux tiers de chaque nation, y est malheureux : celui des artisans n’y possede rien ; transplanté de son village dans une manufacture ou une boutique, et de cette boutique dans une autre, l’artisan est familiarisé avec l’idée du déplacement ; il ne peut contracter d’attachement pour aucun lieu ; assuré presque par-tout de sa subsistance, il doit se regarder, non comme le citoyen d’un pays, mais comme un habitant du monde.
Un pareil peuple ne peut donc se distinguer long-temps par son courage ; parceque, dans un peuple, le courage est ordinairement ou l’effet de la vigueur du corps, de cette con-