Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 10.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
NOTES DE LA SECTION VI.

à-peu chez un peuple, en corrompra les mœurs, et l’avilira.

Lorsqu’une nation commerçante atteint la période de sa grandeur, le même desir du gain qui fit d’abord sa force et sa puissance devient ainsi la cause de sa ruine. Le principe de vie qui, se développant dans un chêne majestueux, éleve sa tige, étend ses branches, grossit son tronc, et le fait régner sur les forêts, est le principe de son dépérissement. Mais, en suspendant dans les peuples le développement trop rapide du desir de l’or, ne pourroit-on prolonger la durée des empires ? On n’y parviendroit, répondrai-je, qu’en affoiblissant dans les citoyens l’amour des richesses. Or, qui peut assurer qu’alors les citoyens ne tombassent point dans cette paresse espagnole, la plus incurable des maladies politiques ?

(23) Les vertus de la pauvreté sont dans une nation l’audace, la fierté, la bonne foi, la constance, enfin une sorte