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DE L’HOMME.

voulut que cet adolescent expiât dans des tourments affreux le crime d’avoir chanté quelques couplets licencieux.

(4) Si nous massacrons les hérétiques, disent les dévots, c’est par pitié. Nous ne voulons que leur faire sentir l’aiguillon de la charité. Mais depuis quand la charité a-t-elle un aiguillon ? Depuis quand égorge-t-elle ? D’ailleurs, si les vices ne damnent pas moins que les erreurs, pourquoi les dévots ne massacrent-ils pas les hommes vicieux de leur secte ?

(5) C’est la faim, c’est le besoin, qui rend les citoyens industrieux ; et ce sont des lois sages qui les rendent bons. « Si les anciens Romains, dit Machiavel, donnerent en tout genre des exemples de vertu ; si l’honnêteté chez eux fut commune ; si, dans l’espace de plusieurs siecles, on eût compté à peine six ou sept de condamnés à l’amende, à l’exil, à la mort ; à quoi dûrent-ils et leurs vertus et leurs succès ? À la sagesse de leurs lois, aux premieres