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SECTION VI, CHAP. XIII.

accordée qu’aux idées et aux actions utiles à la nation ; et tout citoyen, en conséquence, s’y trouve nécessité à la vertu.

Dans un pays où l’argent a cours, le public n’y peut être le seul possesseur des richesses, ni par conséquent l’unique distributeur des récompenses. Quiconque a de l’argent peut en donner, et le donne communément à la personne qui lui procure le plus de plaisir. Cette personne n’est pas quelquefois la plus honnête. En effet, si l’homme veut toujours obtenir avec le plus de sûreté et le moins de peine possible l’objet de ses desirs (17), et qu’il soit plus facile de se rendre agréable aux puissants que recommandable au public, c’est donc au puissant qu’en général on veut plaire. Mais si l’intérêt du puissant est souvent contraire à l’intérêt national, les