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DE L’HOMME,

Du moment où l’on regarde cette sensibilité physique comme le premier principe de la morale, ses maximes cessent d’être contradictoires ; ses axiômes, enchaînés les uns aux autres, supportent la démonstration la plus rigoureuse ; ses principes enfin, dégagés des ténebres d’une philosophie spéculative, sont clairs, et d’autant plus généralement adoptés, qu’ils découvrent plus sensiblement aux citoyens l’intérêt qu’ils ont d’être vertueux (8).

Quiconque s’est élevé à ce premier principe voit, si je l’ose dire, du premier coup d’œil tous les défauts d’une législation ; il sait si la digue opposée par les lois aux passions contraires au bien public est assez forte pour en soutenir l’effort ; si la loi punit et récompense dans cette juste proportion qui doit nécessiter les hommes à la vertu. Il n’apperçoit enfin dans