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DE L’HOMME.

Dieu ou tout autre, qu’importe ? Les disputes à ce sujet ne sont que des disputes de mots. Il n’en est pas ainsi du Dieu moral. L’opposition qui s’est toujours trouvée entre la justice de la terre et celle du ciel en a souvent fait nier l’existence. D’ailleurs, a-t-on dit, qu’est-ce que la morale ? Le recueil des conventions que les besoins réciproques des hommes les ont nécessités de contracter entre eux. Or, comment faire un Dieu de l’œuvre des hommes ?

(16) La preuve de notre peu de foi est le mépris connu pour quiconque change de religion. Rien sans doute de plus louable que d’abandonner une erreur pour embrasser la vérité. D’où naît donc notre mépris pour les nouveaux convertis ? De la conviction obscure où l’on est que toutes les religions sont également fausses, et que quiconque en change s’y détermine par un intérêt sordide, et par conséquent méprisable.

(17) Si la morale des jésuites eût été