Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/17

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De cet espoir rempli naît un desir nouveau ;
Et d’espoir en espoir il arrive au tombeau.
À ces mots, entraîné par la main qui me guide,
Je me sens transporté dans une plaine aride.
Là s’élèvent des monts couverts de toutes parts
De débris et de morts confusément épars.
Leur croupe ravagée et leurs superbes faîtes
Sont frappés de la foudre et battus des tempêtes.
Quel effroi me saisit ! quels cris tumultueux !
Par quel espoir guidé sur ces monts orageux
Ce héros tente-il d’escalader leurs cimes ?
Quel est ce roc altier environné d’abymes
Qui sort d’entre ces monts et monte jusqu’aux cieux !
Ô mortel, c’est ici que les ambitieux,
Étouffant le remords et sa voix importune,
Viennent à prix d’honneur conquérir la fortune,
Revêtir leur orgueil de ces biens apparents,
De ces titres pompeux qu’idolâtrent les grands,
De ces bandeaux sacrés, de ce pouvoir suprême,
Fantôme du bonheur, et non le bonheur même.
Au pied de ce rocher, sur ces débris épars,
Tu vois l’ambition porter des yeux hagards.
Ce monstre errant sans cesse aux bords de ces abymes,
Rongé par les chagrins, escorté par les crimes,