Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/64

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« Elle y répand l’esprit et d’amour et de joie.
« Aux ennuis dévorants mon cœur est-il en proie ?
« Du chagrin près de toi perdant le souvenir,
« Mes yeux n’y sont mouillés que des pleurs du desir.
« Transporté je regarde, et transporté je touche.
« Le soir, lorsque l’Hymen me conduit a ta couche,
« Ta naïve pudeur irrite encor mes feux,
« La grace est dans ton geste, et le ciel dans tes yeux
« Occupé de toi seule, ô l’ame de ma vie !
« Le don de le charmer est le seul que j’envie.
« Que servent le savoir, l’esprit et le talent ?
« T’aimer, te plaire est tout ; le reste est un néant.
« Des sages quelquefois j’entends la voix sublime
« Chanter les dieux, le temps, le chaos et l’abyme,
« Et peindre les beautés du naissant univers :
« Je ne sais, mais l’ennui se mêle à leurs concerts.
« Auprès de ta beauté qu’est-ce que le génie ?
« Discourant près de toi la sagesse est folie.
« Tout est créé pour toi : la rose en ce jardin
« Croît pour qu’on la compare aux roses de ton teint.
« Près d’elle le Zéphyr, murmurant sa tendresse,
« De son souffle amoureux rallume mon ivresse.
« L’amour, les doux baisers, le chant de ces oiseaux,
« La vigne entrelacée aux troncs de ces ormeaux,