Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/100

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inspire pour ses pareils, devient le jouet et la risée de ce même public dont il devroit être l’admiration.

Au reste, c’est en vain qu’on voudroit diminuer la prévention favorable que chacun a pour son esprit. On se moque d’un fleuriste immobile près d’une plate-bande de tulipes ; il tient les yeux toujours fixés sur leurs calices ; il ne voit rien d’admirable sur la terre que la finesse et le mélange des couleurs dont il a par sa culture forcé la nature à les peindre. Chacun est ce fleuriste ; s’il ne mesure l’esprit des hommes que sur la connoissance qu’ils ont des fleurs, nous ne mesurons pareillement notre estime pour eux que sur la conformité de leurs idées avec les nôtres.

Notre estime est tellement dépendante de cette conformité d’idées, que personne ne peut s’examiner avec at-