Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/150

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ment comme deux sujets d’instruction, et deux cours vivants d’expérience morale : bien différents à cet égard de ces demi-esprits, avides d’une réputation qui les fuit, toujours dévorés du poison de la jalousie, et qui, sans cesse à l’affût des défauts d’autrui, perdroient tout leur petit mérite si les hommes perdoient leurs ridicules. Ce n’est point à de pareilles gens qu’appartient la connoissance de l’esprit humain : ils sont faits pour étendre la célébrité des talents par les efforts qu’ils font pour les étouffer. Le mérite est comme la poudre ; son explosion est d’autant plus forte qu’elle est plus comprimée. Au reste, quelque haine qu’on porte à ces envieux, ils sont cependant encore plus à plaindre qu’à blâmer. La présence du mérite les importune : s’ils l’attaquent comme un ennemi, et s’ils sont méchants, c’est