Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/173

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prit. Il sait que les hommes sont les disciples des objets qui les environnent ; que la flatterie, assidue auprès des grands, préside à toutes les instructions qu’on leur donne ; et qu’ainsi l’on ne peut sans injustice leur demander autant de talents et de vertus qu’on en exige d’un particulier.

Si le spectateur éclairé siffle au théâtre français ce qu’il applaudit aux Italiens ; si, dans une belle femme et un joli enfant, tout est grace, esprit et gentillesse, pourquoi ne pas traiter les grands avec la même indulgence ? On peut légitimement admirer en eux des talents qu’on trouve communément chez un particulier obscur, parce qu’il leur est plus difficile de les acquérir. Gâtés par les flatteurs, comme les jolies femmes par les galants ; occupés d’ailleurs de mille plaisirs, distraits par mille soins, ils n’ont