Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pose à elle seule presque tout le genre humain, est celle où les hommes, uniquement attentifs à leurs intérêts, n’ont jamais porté leurs regards sur l’intérêt général. Concentrés, pour ainsi dire, dans leur bien-être[1], ces hommes ne donnent le nom d’honnêtes qu’aux actions qui leur sont per-

  1. Notre haine ou notre amour est un effet du bien ou du mal qu’un nous fait. « Il n’est, dit Hobbes, dans l’état des sauvages, d’homme méchant que l’homme robuste ; et, dans l’état policé, que l’homme en crédit ». Le puissant, pris en ces deux sens, n’est cependant pas plus méchant que le foible : Hobbes le sentait ; mais il savoit aussi qu’on ne donne le nom de méchant qu’à ceux dont la méchanceté est à redouter. On rit de la colere et des coups d’un enfant, il n’en paroît souvent que plus joli : mais on s’irrite contre l’homme fort ; ses coups blessent ; on le traite de brutal.