Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/42

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déshonorer un homme lorsqu’ils disent de lui, d’un ton sottement malin, C’est un Romain, c’est un esprit ; raillerie qui, rappelée à son sens précis, apprend seulement que cet homme ne leur ressemble point, c’est-à-dire qu’il n’est ni sot ni fripon. Combien un esprit attentif n’entend-il pas dans les conversations de ces aveux imbécilles et de ces phrases absurdes qui, réduites à leur signification exacte, étonneroient fort ceux qui les emploient ! Aussi l’homme de mérite doit-il être indifférent à l’estime comme au mépris d’un particulier dont l’éloge ou la critique ne signifient rien, sinon que cet homme pense ou ne pense pas

    richesse estimeroit-elle la science ? Le savant peut apprécier l’ignorant, parce qu’il l’a été dans son enfance ; mais l’ignorant ne peut apprécier le savant, parce qu’il ne l’a jamais été.