Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/47

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qu’ils lui prodiguent. Cette sorte d’estime, dont notre ignorance nous force à faire souvent usage, est par-là même la plus commune. Rien de si rare que de juger d’après soi.

L’autre espece d’estime est celle qui, indépendante de l’opinion d’autrui, naît uniquement de l’impression que font sur nous certaines idées, et que par cette raison j’appelle estime sentie, la seule véritable, et celle dont il s’agit ici. Or, pour prouver que la paresse ne nous permet d’accorder cette sorte d’estime qu’aux idées analogues aux nôtres, il suffit de remarquer que c’est, comme le prouve sensiblement la géométrie, par l’analogie et les rapports secrets que les idées déjà connues ont avec les idées inconnues qu’on parvient à la connoissance de ces dernieres, et que c’est en suivant la progression de ces analogies