Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/49

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ne nous permettra jamais de concevoir, ni par conséquent d’avoir d’estime sentie pour des opinions trop contraires aux nôtres.

Un jeune homme qui s’agite en tous sens pour s’élever à la gloire est saisi d’enthousiasme au bruit du nom des gens célèbres en tout genre. A-t-il une fois fixé l’objet de ses études et de son ambition, il n’a plus d’estime sentie que pour ses modeles, et n’accorde qu’une estime sur parole à ceux qui suivent une carrière différente de la sienne. L’esprit est une corde qui ne frémit qu’à l’unisson.

Peu d’hommes ont le loisir de s’instruire. Le pauvre, par exemple, ne peut ni réfléchir ni examiner ; il ne reçoit la vérité, comme l’erreur, que par préjugé : occupé d’un travail journalier, il ne peut s’élever à une certaine sphere d’idées ; aussi préfere-t-il