Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/152

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hommes en soient également frappés : il en est même d’insensibles aux beautés de la description comme aux charmes de l’harmonie, et qu’il seroit

    participent à la laideur ainsi qu’à la beauté des objets auxquels ils sont le plus communément unis. C’est à cette cause qu’on doit attribuer la plupart de nos dégoûts et de nos enthousiasmes injustes. Un proverbe usité dans les places publiques, fût-il d’ailleurs excellent, nous paroît toujours bas, parcequ’il se lie nécessairement dans notre mémoire à l’image de ceux qui s’en servent.

    Peut-on douter que, par la même raison, les contes d’esprits et de revenants ne redoublent pendant la nuit aux yeux du voyageur égaré les horreurs d’une forêt ; que, sur les Pyrénées, au milieu des déserts, des abymes et des rochers, l’imagination, frappée de l’estampe du combat des Titans, ne croie y reconnoître les montagnes d’Ossa et de Pélion, et