Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/153

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à cet égard aussi injuste qu’inutile de vouloir désabuser. Ils ont, par leur insensibilité, acquis le droit malheureux de nier un plaisir qu’ils

    ne regarde avec frayeur le champ de bataille de ces géants ? Qui doute que le souvenir de ce bocage décrit par le Camoëns, où les nymphes, nues, fugitives, et poursuivies par les desirs ardents, tombent aux pieds des Portugais, où l’amour étincelle en leurs yeux, circule en leurs veines, où les paroles se confondent, où l’on n’entend enfin que le murmure des soupirs de l’amour heureux ; qui doute, dis-je, que le souvenir d’une description si voluptueuse n’embellisse à jamais tous les bocages ?

    Voilà la raison pour laquelle il est si difficile de séparer du plaisir total que nous recevons à la présence d’un objet tous les plaisirs particuliers qui sont, pour ainsi dire, réfléchis de la part des objets auxquels ils se trouvent unis.