Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/154

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n’éprouvent pas. Mais ces hommes sont en petit nombre.

En effet, soit que le desir habituel et impatient de la félicité, qui nous fait souhaiter toutes les perfections comme des moyens d’accroître notre bonheur, nous rende agréables tous ces grands objets, dont la contemplation semble donner plus d’étendue à notre ame, plus de force et d’élévation à nos idées, soit que par eux-mêmes les grands objets fassent sur nos sens une impression plus forte, plus continue et plus agréable, soit enfin quelque autre cause, nous éprouvons que la vue hait tout ce qui la resserre ; qu’elle se trouve gênée dans les gorges d’une montagne ou dans l’enceinte d’un grand mur ; qu’elle aime, au contraire, à parcourir une vaste plaine, à s’étendre sur la surface des