Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/100

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d’intrigue, d’esprit, et de malheur. Rien de plus utile que de considérer

    mais ce n’en est pas moins une amitié réelle. Les hommes aiment, par exemple, dans un contrôleur-général la puissance qu’il a d’obliger. Dans la plupart d’entre eux l’amour de la personne s’identifie avec l’amour de l’argent. Pourquoi refuseroit-on le nom d’amitié à cette espece de sentiment ? On ne nous aime pas pour nous-mêmes, mais toujours pour quelque cause ; et celle-là en vaut bien une autre. Un homme est amoureux d’une femme : peut-on dire qu’il ne l’aime pas, parce que c’est uniquement la beauté de ses yeux ou de son teint qu’il aime en elle ? Mais, dira-t-on, à peine l’homme riche est-il tombé dans l’indigence qu’on cesse alors de l’aimer. Oui, sans doute. Mais, que la petite vérole gâte une femme, on rompra communément avec elle, et cette rupture ne prouve pas qu’on ne l’ait point aimée lorsqu’elle étoit belle. Que