Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/117

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toute ambition, de toutes passions fortes, et qui font leurs délices de la conversation des gens instruits. Dans nos mœurs actuelles, les hommes de cette espece, s’ils sont vertueux, sont les amis les plus tendres et les plus constants. Leur ame toujours ouverte à l’amitié en connoît tout le charme. N’ayant, par ma supposition, aucune passion qui puisse contrebalancer en eux ce sentiment, il devient leur unique besoin : aussi sont-ils capables d’une amitié très éclairée et très courageuse, sans qu’elle le soit néanmoins autant que celle des Grecs et des Scythes.

Par la raison contraire, on est en général d’autant moins susceptible d’amitié qu’on est plus indépendant des autres hommes. Aussi les gens riches et puissants sont-ils communément peu sensibles à l’amitié ; ils