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passent même ordinairement pour durs. En effet, soit que les hommes soient naturellement cruels toutes les fois qu’ils peuvent l’être impunément, soit que les riches et les puissants regardent la misere d’autrui comme un reproche de leur bonheur, soit enfin qu’ils veuillent se soustraire aux demandes importunes des malheureux, il est certain qu’ils maltraitent presque toujours le misérable[1]. La vue de l’infortuné fait sur la plupart des hommes l’effet de la tête de Méduse : à son aspect les cœurs se changent en rochers.

Il est encore des gens indifférents à l’amitié ; et ce sont ceux qui se suf-

  1. La moindre faute qu’il fait est un prétexte suffisant pour lui refuser tout secours : on veut que les malheureux soient parfaits.