Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/13

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Or qui doute qu’un pareil discours ne soit un trait de caractere ; et qu’en général tous les moyens dont se sont servis les grands hommes pour échauffer les ames du feu de l’enthousiasme ne leur aient été inspirés par les passions ? Est-il un homme sensé qui, pour imprimer plus de confiance et plus de respect aux Macédoniens, eût autorisé Alexandre à se dire fils de Jupiter Hammon ; eût conseillé à Numa de feindre un commerce secret avec la nymphe Égérie ; à Zamolxis, à Zaleucus, à Mnévès, de se dire inspiré par Vesta, Minerve ou Mercure ; à Marius de traîner à sa suite une diseuse de bonne aventure ; à Sertorius de consulter sa biche ; et enfin au comte de Dunois d’armer une pucelle pour triompher des Anglais ?

Peu de gens élevent leurs pensées au-delà des pensées communes ; moins