Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/14

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de gens encore osent exécuter et dire ce qu’ils pensent[1]. Si les hommes sensés vouloient faire usage de pareils moyens, faute d’un certain tact et d’une certaine connoissance des passions, ils n’en pourroient jamais faire d’heureuses applications. Ils sont faits pour suivre les chemins battus ;

  1. Ceux-là cependant sont les seuls qui avancent l’esprit humain. Lorsqu’il ne s’agit point de matiere de gouvernement, où les moindres fautes peuvent influer sur le bonheur ou le malheur des peuples, et qu’il n’est question que de sciences, les erreurs mêmes des gens de génie méritent l’éloge et la reconnoissance du public, puisqu’en fait de sciences il faut qu’une infinité d’hommes se trompent pour que les autres ne se trompent plus. On peut leur appliquer ce vers de Martial,
    Si non errasset, fecerat ille minus.