Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/252

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Mais, dira-t-on, dans les pays soumis au pouvoir arbitraire les honneurs cependant sont quelquefois le prix du mérite. Oui, sans doute : mais ils le sont plus souvent du vice et de la bassesse. Les honneurs sont, dans ces gouvernements, comparables à ces arbres épars dans les déserts, dont les fruits, quelquefois enlevés par les oiseaux du ciel, deviennent trop souvent la proie du serpent qui, du pied de l’arbre, s’est, en rampant, élevé jusqu’à sa cime.

Les honneurs une fois avilis, ce n’est plus qu’avec de l’argent qu’on paie les services rendus à l’état. Or toute nation qui ne s’acquitte qu’avec de l’argent est bientôt surchargée de dépenses ; l’état épuisé devient bientôt insolvable : alors il n’est plus de récompense pour les vertus et les talents.