Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/59

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de prouver sa supériorité sur les autres. Or l’ambitieux poursuit également les grandeurs dans les siecles où ces grandeurs sont le plus avilies par le choix des hommes qu’on y éleve, et, par conséquent, dans les temps mêmes où leur possession est le moins flatteuse. L’ambition n’est donc pas fondée sur le desir de l’estime. En vain diroit-on qu’à cet égard l’ambitieux peut se tromper lui-même : les marques de considération qu’on lui prodigue l’avertissent à chaque instant que c’est sa place et non lui qu’on honore. Il sent que la considération dont il jouit n’est point personnelle ; qu’elle s’évanouit par la mort ou la disgrace du maître ; que la vieillesse même du prince suffit pour la détruire ; qu’alors les hommes, élevés aux premiers postes sont autour du souverain comme ces nuages d’or qui