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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/61

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le détermine, et que sur ce point il se fait illusion à lui-même ; puisqu’on ne desire pas, comme je le prouverai dans le chapitre de l’orgueil, l’estime pour l’estime même, mais pour les avantages qu’elle procure. Le desir des grandeurs n’est donc point l’effet du desir de l’estime.

À quoi donc attribuer l’ardeur avec laquelle on recherche les dignités ? À l’exemple de ces jeunes gens riches qui n’aiment à se montrer en public que dans un équipage leste et brillant, pourquoi l’ambitieux ne veut-il y paroître que décoré de quelques marques d’honneur ? C’est qu’il considere ces honneurs comme un truchement qui annonce aux hommes son indépendance, la puissance qu’il a de rendre à son gré plusieurs d’entre eux heureux ou malheureux, et l’intérêt qu’ils ont tous de mériter une faveur toujours