Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/89

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public éclairé toujours partagés entre le général, le soldat, et le hasard ; et qu’au contraire les lauriers des muses appartiennent sans partage à ceux qu’elles inspirent ? N’avoueroit-il pas que le hasard a pu souvent placer l’ignorance et la lâcheté sur un char de triomphe, et qu’il n’a jamais couronné le front d’un stupide auteur ?

En n’interrogeant que son orgueil, c’est-à-dire le desir de s’assurer de son excellence, il est donc certain que la premiere espece de gloire lui paroîtroit la plus desirable. La préférence qu’on donne au grand capitaine sur le philosophe profond ne changeroit point à cet égard son opinion : il sentiroit que, si le public accorde plus d’estime au général qu’au philosophe, c’est que les talents du premier ont une influence plus prompte sur le bonheur public que les maximes d’un