Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/194

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Ce tableau, toujours préféré au tableau d’un objet immobile, excite en nous plus de sensations, et nous fait en conséquence une impression plus vive. On est moins frappé du calme que des tempêtes de l’air.

C’est donc à l’imagination qu’un auteur doit en partie la force de son expression, c’est par ce secours qu’il transmet dans l’ame de ses lecteurs tout le feu de ses pensées. Si les Anglais à cet égard s’attribuent une grande supériorité sur nous, c’est moins à la force particuliere de leur langue qu’à la forme de leur gouvernement qu’ils doivent cet avantage. On est toujours fort dans un état libre, où l’homme conçoit les plus hautes pensées, et peut les exprimer aussi vivement qu’il les conçoit. Il n’en est pas ainsi des états monarchiques : dans ces pays, l’intérêt de certains corps,