Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/85

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sont le prix du mérite, l’esprit de conduite n’est autre chose que le génie même et le grand talent. Il n’en est pas ainsi dans les gouvernements où les graces sont dans la main de quelques hommes dont la grandeur est indépendante du bonheur public : dans ces pays, l’esprit de conduite n’est que l’art de se rendre utile ou agréable aux dispensateurs des graces ; et c’est moins à son esprit qu’à son caractere qu’on doit communément cet avantage. La disposition la plus favorable et le don le plus nécessaire pour réussir auprès des grands est un caractere pliable à toute sorte de caracteres et de circonstances. Fût-on dépourvu d’esprit, un tel caractere, aidé d’une position favorable, suffit pour faire fortune. Mais, dira-t-on, rien de plus commun que de pareils caracteres : il n’est donc personne qui ne puisse