Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/86

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faire fortune et se concilier la bienveillance d’un grand en se faisant ou le ministre de ses plaisirs ou son espion. Aussi le hasard a-t-il grande part à la fortune des hommes. C’est le hasard qui nous fait pere, époux, ami de la beauté qu’on offre et qui plaît à son protecteur ; c’est le hasard qui nous place chez un grand au moment qu’il lui faut un espion. Quiconque est sans honneur et sans humeur, disoit M. le duc d’Orléans régent, est un courtisan parfait. Conséquemment à cette définition, il faut convenir que le parfait en ce genre n’est rare qu’à l’égard de l’humeur.

Mais si les grandes fortunes sont en général l’œuvre du hasard, et si l’homme n’y contribue qu’en se prêtant aux bassesses et aux fripponneries presque toujours nécessaires pour y parvenir, il faut cependant avouer