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DE L’HOMME,

puissant des païens ? celui de servir leur patrie par leurs talents, leur courage, leur intégrité, leur générosité, et leurs vertus. Il étoit important pour eux de se rendre chers à ceux avec qui ils devoient dans les enfers continuer de vivre après leur mort. Loin d’étouffer l’enthousiasme qu’une législation sage donne pour la vertu et les talents, cette religion l’excitoit encore. Convaincus de l’utilité des passions, les anciens législateurs ne se proposoient point de les étouffer. Que trouver chez un peuple sans desir ? sont-ce des commerçants, des capitaines, des soldats, des hommes de lettres, des ministres habiles ? Non ; mais des moines.

Un peuple sans industrie, sans courage, sans richesses, sans science, est l’esclave né de tout voisin assez audacieux pour lui donner des fers. Il faut