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DE L’HOMME,

alors la conscience de son existence, parceque cette conscience suppose enchaînement d’idées, et par conséquent mémoire. Tel est l’état de l’ame lorsqu’elle n’a fait encore aucun usage de l’organe physique du souvenir.

L’on perd la mémoire par un coup, une chûte, une maladie. L’ame est-elle privée de cet organe ? elle doit, sauf un miracle ou une volonté expresse de Dieu, se trouver alors dans le même état d’imbécillité où elle étoit dans le germe de l’homme. La pensée n’est donc pas absolument nécessaire à l’existence de l’ame. L’ame n’est donc en nous que la faculté de sentir ; et c’est la raison pour laquelle, comme le prouvent Locke et l’expérience, toutes nos idées nous viennent par nos sens.

C’est à ma mémoire que je dois mes idées comparées et mes juge-