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SECTION II, CHAP. II.

pas métaphysiquement impossible d’avoir une ame sans avoir d’idées.

Les sauvages en ont peu, et n’en ont pas moins une ame. Il en est qui n’ont ni idée de justice ni même de mots pour exprimer cette idée. On raconte qu’un sourd et muet, ayant tout-à-coup recouvré l’ouïe et la parole, avoua qu’avant sa guérison il n’avoit d’idées ni de Dieu ni de la mort.

Le roi de Prusse, le prince Henri, Hume, Voltaire, etc., n’ont pas plus d’ame que Bertier, Lignac, Séguy, Gauchat, etc. Les premiers cependant sont en esprit aussi supérieurs aux seconds que ces derniers le sont aux singes et aux autres animaux qu’on montre à la foire. Chaumeix, Caveirac, etc., ont sans doute peu d’esprit ; et cependant l’on dira toujours d’eux : Cela parle, cela écrit, et cela même a une âme. Or, si pour avoir peu d’es-