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SECTION II, CHAP. VI.

homme pût exister, il ne compareroit point les corps entre eux, il ne prononceroit aucun jugement. Mais, dans cette supposition, il pourroit encore juger l’impression immédiate des objets sur lui. Oui, lorsque cette impression seroit forte. Sa force, devenue un motif d’attention, emporteroit avec elle un jugement. Il n’en seroit pas de même si cette sensation étoit foible : il n’auroit alors ni conscience ni souvenir des jugements qu’elle auroit occasionnés. Un homme est environné d’une infinité d’objets ; il est nécessairement affecté d’une infinité de sensations ; il porte donc une infinité de jugements : mais il les porte à son insu. Pourquoi ? C’est que la nature de ses jugements suit celle des sensations. Ne font-elles sur lui qu’une trace légere, effacée aussitôt que sentie ? les jugements