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DE L’HOMME,

le comat, et ne m’apperçois pas de ma blessure. Pourquoi ? C’est que l’amour de ma conservation, la colere, le mouvement donné à mon sang, me rendent insensible au coup qui, dans tout autre moment, eût fixé toute mon attention. Il est, au contraire, des moments où j’ai la conscience des sensations les plus légeres ; c’est lorsque des passions, telles que la crainte, l’amour de la gloire, l’avarice, l’envie, etc., concentrent tout notre esprit sur un objet. Suis-je conjuré ? il n’est point de geste, de regard, qui échappe à l’œil inquiet et soupçonneux de mes complices. Suis-je peintre ? tout effet singulier de lumiere me frappe. Suis-je joaillier ? il n’est point de tache dans un diamant que je n’apperçoive. Suis-je envieux ? il n’est point de défaut dans un grand homme que mon œil perçant ne dé-