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SECTION II, CHAP. VI.

couvre. Au reste ces mêmes passions qui, concentrant toute mon attention sur certains objets, me rendent à cet égard susceptible des sensations les plus fines, m’endurcissent aussi contre toute autre espece de sensations.

Que je sois amant, jaloux, ambitieux, inquiet ; si, dans cette situation de mon ame, je traverse les magnifiques palais des souverains, en vain suis-je frappé par les rayons réfléchis des marbres, des statues, des tableaux qui m’environnent ; il faut pour réveiller mon attention qu’un objet inconnu, nouveau, et tout-à-coup offert à mes yeux, fasse sur moi une impression vive. Faute de cette impression, je marche sans voir, sans entendre, et sans conscience des sensations que j’éprouve.

Au contraire, si, dans le calme des desirs, je parcours ces mêmes palais,