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SECTION II, CHAP. X.

À mesure que ces desirs s’éteignent, l’homme perd son activité ; et par degrés la mort s’empare de lui.

Plaisirs et douleur physique, voilà les seuls et vrais ressorts de tout gouvernement. On n’aime point proprement la gloire, les richesses, et les

    possession prochaine de tous les objets dont l’or peut être l’échange ; et la coquette, se mirant dans sa glace, jouit pareillement d’avance de tous les hommages que lui procureront ses graces et sa beauté. L’état de désir est un état de plaisir. Les châteaux, les amants et les femmes, que les richesses, la beauté et les talents peuvent leur procurer, sont un plaisir de prévoyance, sans doute moins vif, mais plus durable, que le plaisir réel et physique. Le corps s’épuise, l’imagination jamais. Aussi, de tous les plaisirs, ces derniers sont-ils en général ceux qui, dans le total de notre vie, nous donnent la plus grande somme de bonheur.