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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/104

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SECTION II, CHAP. XX.

pâturages, au milieu duquel s’élevoit une fraise grosse comme une montagne, dont on détachoit des quartiers pour sa nourriture et celle de sa famille.

Les peuples moins exposés au besoin de la faim, et d’ailleurs plus nombreux et plus instruits, y rassemblerent tout ce que la nature a d’agréable, et lui donnerent le nom d’Élysée. Les peuples avares le modelerent sur le jardin des Hespérides, et y cultiverent des plants dont la tige d’or portoit des fruits de diamant. Les nations plus voluptueuses y firent croître des arbres de sucre, et couler des fleuves de lait ; ils le peuplerent enfin de houris. Chaque peuple fournit ainsi le pays des ames de ce qui faisoit sur la terre l’objet de ses desirs. L’imagination, dirigée par des besoins et des goûts divers, opéra par-tout de la