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SECTION II, CHAP. XXI.

fait fortune en ne débitant qu’une de ces deux especes de denrées, c’est-à-dire l’espérance, les prêtres en feroient une plus grande en débitant encore la crainte. L’homme, se sont-ils dit, est timide ; ce sera par conséquent sur cette derniere marchandise qu’il y aura le plus à gagner. Mais à qui vendre la crainte ? Aux pécheurs. À qui vendre l’espoir ? Aux pénitents. Convaincu de cette vérité, le sacerdoce comprit qu’un grand nombre d’acheteurs supposoit un grand nombre de pécheurs, et que si les présents des malades enrichissent le médecin, ce seroient les offrandes et les expiations qui désormais enrichiroient les prêtres ; qu’il falloit des malades aux ns, et des pécheurs aux autres. Le pécheur devient toujours l’esclave du prêtre ; c’est la multiplication des péchés qui favorise le commerce des