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NOTES DE LA SECTION II.

aujourd’hui permise en Allemagne comme avantageuse à son commerce, et conforme au bien de l’état, peut être demain défendue ; on peut demain en déclarer l’achat criminel, si par quelques circonstances cet achat devient préjudiciable à l’intérêt national. « Les mêmes actions peuvent donc successivement devenir utiles et nuisibles à un peuple, et mériter tour-à-tour le nom de vertueuses ou de vicieuses, sans que l’idée de la vertu change et cesse d’être la même. »

Quoi de plus d’accord avec la loi naturelle que cette idée ? Cependant tel fut le pouvoir de l’envie et de l’hypocrisie, que je fus persécuté par le même clergé qui, sans réclamation, avoit souffert qu’on élevât au cardinalat l’audacieux Bellarmin pour avoir soutenu « que, si le pape défendoit l’exercice de la vertu, et commandoit le vice, l’église romaine, sous peine de péché, seroit obligée d’abandonner la vertu pour le vice :