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SECTION III, CHAP. IV.

voyageur alors la regarde en passant, parceque tous ont des yeux pour l’appercevoir, et qu’il ne leur manquoit pour la découvrir que le desir vif de la chercher et la patience nécessaire pour la trouver.

Un homme jaloux d’un grand nom doit s’armer de la patience du chasseur. Il en est du philosophe comme du sauvage : le moindre mouvement du dernier écarte de lui le gibier, et la moindre distraction du premier éloigne de lui la vérité. Rien n’est plus pénible que de tenir long-temps son corps et son esprit dans le même état d’immobilité ou d’attention ; c’est le produit d’une grande passion. Dans le sauvage c’est le besoin de manger, dans le philosophe c’est celui de la gloire, qui opere cet effet.

Mais qu’est-ce que ce besoin de la