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Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 8.djvu/211

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DE L’HOMME.

à ce repos prétendu philosophique qui retient l’ame dans l’engourdissement, et retarde sa marche vers la vérité. Que cet état soit doux, qu’on s’y trouve à l’abri de l’envie et de la fureur des bigots, et qu’en conséquence le paresseux se dise prudent, soit ; mais qu’il ne se dise pas philosophe. Quelle est la société la plus dangereuse pour la jeunesse ? Celle de ces hommes prudents, discrets, et d’autant plus sûrs d’étouffer dans l’adolescent tout genre d’émulation, qu’ils lui montrent dans l’ignorance un abri contre la persécution, par conséquent le bonheur dans l’inaction.

Parmi les apôtres de l’oisiveté il est quelquefois des gens de beaucoup d’esprit. Ce sont ceux qui ne doivent leur paresse qu’aux dégoûts et aux chagrins éprouvés dans la recherche de la vérité. La plupart des autres sont des hommes médiocres ; ce qu’ils desirent, c’est que tous le soient. C’est l’envie qui leur fait prêcher la paresse.