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SECTION IV, CHAP. I.

alongent-elles la jambe d’un boiteux ? élevent-elles la taille d’un pygmée ? Ce que la nature fait, elle seule peut le défaire. L’unique sentiment qu’elle ait dès l’enfance gravé dans nos cœurs est l’amour de nous-mêmes. Cet amour, fondé sur la sensibilité physique, est commun à tous les hommes. Aussi, quelque différente que soit leur éducation, ce sentiment est-il toujours le même en eux : aussi dans tous les temps et les pays s’est-on aimé, s’aime-t-on et s’aimera-t-on toujours de préférence aux autres. Si l’homme varie dans tous ses autres sentiments, c’est que tout autre est en lui l’effet des causes morales. Si ces causes sont variables, leurs effets doivent l’être. Pour constater cette vérité par des expériences en grand, je consulterai d’abord l’histoire des nations.