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SECTION IV, CHAP. II.

toujours tel. L’empereur Julien dit des Parisiens, Je les aime, parceque leur caractere, comme le mien est austere (1) et sérieux.

Le caractere des peuples change donc. Mais quand ce changement se fait-il le plus sensiblement appercevoir ? Dans les moments de révolution où les peuples passent tout-à-coup de l’état de liberté à celui de l’esclavage. Alors, de fier et d’audacieux qu’étoit un peuple, il devient foible et pusillanime ; il n’ose lever ses regards sur l’homme en place ; il est gouverné, et peu lui importe qui le gouverne. Ce peuple enfin découragé se dit, comme l’âne de la fable : Quel que soit mon maître, je n’en porterai pas un plus lourd fardeau. Autant un citoyen libre est passionné pour la gloire de sa nation, autant un esclave est indifférent au