d’exciter par aucun geste la fureur de ces animaux.
De l’antre du lion physique qu’on le transporte dans la caverne du lion moral ; qu’on l’attache au service d’un prince cruel et despote : doux et modéré en présence du maître, peut-être cet homme deviendra-t-il le plus vil et le plus rampant de ses esclaves. Mais, dira-t-on, son caractere contraint ne sera pas changé ; c’est un arbre courbé avec effort que son élasticité naturelle rendra bientôt à sa premiere forme. Eh quoi ! imagine-t-on que cet arbre, quelques années assujetti par des cables à une certaine courbure, pût jamais se redresser ? Quiconque assure qu’on contraint et qu’on ne change point les caracteres, ne dit rien autre chose sinon qu’on ne détruit point en un instant des habitudes anciennement contractées.